L’association désire mettre en ligne des textes écrits par des visiteurs des expositions ou du site et, bientôt, des lecteurs du livre à propos de l’œuvre de Clotilde Vautier. C’est une façon de réinstaurer le dialogue interrompu entre l’artiste et son public. Réactions spontanées et affectives, analyses plus approfondies, rapprochements avec d’autres œuvres qui ne seront pas forcément picturales…, toutes les approches sont légitimes et vos contributions favoriseront la redécouverte que nous souhaitons. Ces textes peuvent nous être adressés soit, de préférence, par courrier électronique ( contact@clotildevautier.org ) soit par lettre à l’adresse de l’association (association  » Les Amis du peintre Clotilde Vautier, 7, rue Yves Noël, 35200 Rennes). Le bureau de l’association choisira certains d’entre eux pour les mettre en ligne, après consultation et accord de leurs auteurs.

A propos des oeuvres exposées à Paris, à l’Espace des Femmes, du 1er au 30  juin 2023, Mme Denise Delouche, professeur émérite à l’Université de Haute-Bretagne (Rennes 2) écrit :

En gommant la brièveté tragique de la vie de l’artiste, considérons son œuvre, dans l’actualité des années 1960. Ces années sont toujours marquées par la querelle qui oppose les tenants de l’art abstrait, géométrique ou lyrique, aux figuratifs. Est-ce sa formation « normale », académique qui lui a fait choisir la voie traditionnelle ? Aux antipodes des audaces contemporaines du groupe « support-surface » qui remet alors en cause la notion même de « tableau », Clotilde Vautier a choisi de peindre, à l’huile sur une toile tendue sur châssis et, loin du cubisme et de Picasso qui pourtant la fascine, dans une veine qu’il est convenu d’appeler « réaliste », elle aborde les genres reconnus, nature morte, paysage, portrait et surtout le nu.

Le nu : une nouvelle approche.

Le nu est son sujet privilégié. C’est à la fois un ancrage dans la tradition et aussi une originalité car, parmi les peintres figuratifs, le célébrissime Bernard Buffet est alors un des rares à encore parfois l’aborder (en 1959).

Au terme d’une longue histoire scandée par les odalisques de Ingres et l’Olympia de Manet, les nus de Clotilde Vautier apportent comme un souffle de vie, simple et réelle. Ses modèles, non professionnels, des amies, lui offrent leurs formes généreuses, qu’elle embrasse d’un dessin ample. La nudité s’affiche sans pudeur, arborant le triangle sombre des poils pubiens.

Rarement en position allongée traditionnelle, le nu remplit toute la surface du tableau et s’impose à nous dans son humanité quotidienne, trouvant même accord avec la banalité d’une activité toute féminine, tricoter.

Le portrait : entre tradition et modernité

L’acuité du regard entretenue par de multiples croquis, aux coups de crayon efficaces et souvent acerbes, Clotilde Vautier inscrit ses portraits dans l’histoire proche qu’elle a beaucoup explorée, de Modigliani à Soutine.

Ils restent traditionnels dans le format et la pose, comme dans l’objectif : saisir l’expression d’un moment qui dévoile la personnalité, dans le silence de l’atelier. Les grands yeux pensifs de La femme en bleu ou de Madame X nous ignorent, perdus dans leur rêve intérieur.

La modernité s’introduit avec les larges plans colorés qui viennent perturber le modelé du corps (Claude en rose) et aussi dans l’incursion invasive des larges touches chargées de matière qui enserrent un visage (Mercédès au foulard blanc) ou qui commandent au traitement du buste (Claude en vert).

La richesse picturale des recherches entreprises avive le regret quant à l’interruption si brutalement prématurée du parcours d’une artiste douée.