Clotilde Vautier est née à Cherbourg, en septembre 1939, cadette d’une famille de 3 enfants de forte tradition catholique. Son père est officier de Marine. Elle manifeste très tôt son goût pour la peinture, ce dont témoigne, par exemple, le tableau Le Quatorze juillet, et entre à l’école des Beaux-Arts du Mans après le baccalauréat de philosophie qu’elle obtient, avec mention, en 1957.

1957-1962

Elle quitte cette école pour poursuivre ses études à l’école des Beaux-Arts de Rennes. C’est là qu’elle rencontre son futur mari, Antonio Otero, et le frère de celui-ci, Mariano, avec lesquels elle crée le groupe « L’Atelier des Trois » en janvier 1962.

Ceux-ci sont fils d’un journaliste et écrivain Républicain espagnol, Antonio Otero Seco, exilé à Rennes, où il formera toute une génération de professeurs d’espagnol à la Faculté des Lettres. Très intéressée par le théâtre, elle consacre son mémoire de fin d’études à la Comédie de l’Ouest de Rennes, dirigée alors par Guy Parigot, avec une série de dessins, lavis et aquarelles intitulée Avant la comédie à la CDO.

Ce document reste traditionnellement la propriété de l’école d’origine et devrait donc être actuellement conservé dans les archives de l’école des Beaux-Arts de Rennes mais il semble avoir été perdu. Elle est deuxième au Diplôme national de peinture, à Paris, en juillet 1962, en présentant notamment, parmi les épreuves imposées, le tableau intitulé La loge de la comédienne.

1962-1968

Antonio et Clotilde se marient en 1962. Leur première fille, Isabel, qui apparaît sous le nom de Carina dans les dessins, naît en août 1962, puis Mariana, surnommée Maïta, la deuxième, en décembre 1963. Elles vivent actuellement à Paris; Isabel est comédienne, Mariana est cinéaste.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les années 1964-1967 sont marquées par de sérieuses difficultés matérielles mais aussi par un retour à une intense créativité. Clotilde Vautier travaille inlassablement et s’efforce de concilier sa vie professionnelle et sa vie familiale. Elle aime échanger avec le vaste cercle d’amis qu’elle et son mari accueillent dans une maison qui leur est toujours ouverte; on y parle peinture, bien sûr, mais aussi littérature, philosophie, cinéma, politique… Elle discute comme elle peint, avec audace, passion, rigueur, intelligence et sincérité et en se portant toujours à la recherche de voies nouvelles. Sa conversation se caractérise par sa vivacité et son humour.

Elle expose régulièrement avec « L’Atelier des Trois » et réalise également une fresque pour le café « Les Variétés », à Rennes, où elle représente, sous l’aspect de saltimbanques réunis autour d’un repas amical, sa famille et ses amis les plus proches.

Cette fresque, sauvée de la destruction par Antonio et Mariano Otero, a été installée dans les locaux du Centre culturel de La Forge, à Saint-Grégoire, en 1993.

Plusieurs prix lui sont attribués dans des concours de peinture auxquels elle participe: Grand Prix du Nu, au Salon International de Deauville, en 1966; Grand Prix du Portrait, au Salon International de Doué-la-Fontaine, en 1967, etc.

Portraits, nus, paysages, natures mortes… Huiles, monotypes, lavis, gouaches… Beaucoup de variété dans les sujets comme dans les techniques. On ne peut que remarquer, néanmoins, une prédilection pour les nus et les portraits féminins. Les modèles étaient toujours des amies qui posaient pour elle car elle préférait leur simplicité dans la pose au « métier » d’un modèle professionnel, que, d’ailleurs, elle n’aurait pas eu les moyens de rémunérer.

      

 

 

 

 

 

 

 

Les œuvres, la série des Tricoteuses, qu’elle présente au concours de la Casa de Velazquez, à Paris, en juin 1967, lui valent la deuxième place et des appréciations très élogieuses du jury. C’est à peu près à la même date qu’une galerie parisienne la remarque et prend plusieurs de ses toiles.

Son décès à Rennes, en mars 1968 suite à un avortement clandestin, vient interrompre brutalement une carrière en plein essor, au moment où a lieu ce qui sera sa dernière exposition personnelle. Son dernier tableau, qui fait partie de la série Femme à sa toilette »qu’elle comptait présenter au concours Velazquez de 1968, restera inachevé.

Elle laisse une œuvre déjà importante: environ 200 dessins et 90 tableaux, dont une trentaine appartiennent à des collectionneurs privés.

Son mari organise, à Rennes, en 1972, une exposition rétrospective où sont présentées la plupart des œuvres qu’elle a laissées et qu’il a depuis conservées. 37 ans plus tard, en 2003, sa fille, Mariana Otero, réalise le film Histoire d’un secret qui permet de redécouvrir l’œuvre de Clotilde Vautier. Depuis, une vingtaine d’expositions ont eu lieu en France et en Espagne.